Rien ne s'oppose à la nuit de Delphine De Vigan
Lorsque j'ai décidé de créer ce blog, c'était au départ pour échanger sur mes lectures : celles pour mes enfants car on découvre souvent des trésors en lisant pour les tout-petits, celles pour mes élèves et celles dites pour adultes... je me suis vite rendue compte que le temps (ou plutôt parfois l'energie) manquait souvent pour lire tout ce que je voulais et encore plus pour en parler...
Et puis je me suis relancée dans le tricot, ai découvert la couture, ai créé quelques boucles d'oreilles, toutes ces envies qui ont vite pris beaucoup de place dans ces pages...
Mais depuis quelques mois, peut-être depuis que les garçons arrivent à jouer un peu plus ensemble, j'arrive à grapiller quelques minutes de lectures, à retrouver le courage (eh oui n'ayons pas peur des mots et pour une documentaliste c'est un peu la honte de l'avouer;-) ) pour lire de plus en plus...
J'ai terminé hier soir un livre que j'ai beaucoup aimé... Il faisait partie des romans très médiatisés au moment de la rentrée littéraire de septembre dernier mais comme toujours j'ai un train de retard!!! Finalement j'aime bien car la lecture n'est pas polluée par les avis des uns et des autres!
Rien ne s'oppose à la nuit, Delphine De Vigan, ed. Lattès, 2011, 440 p.
Dans ce roman (récit?), Delphine De Vigan écrit sa mère, Lucile.
Ce portrait se décline en trois parties : l'enfance puis le début de la vie adulte et ce qui me semble être l'âge de la maturité...
Pour mieux la cerner, elle rassemble tous les souvenirs des membres de la famille de Lucile (sa mère est issue d'une fratrie de onze enfants) interroge les amis et tout ce matériel donne au récit de nombreux détails qui permettent de cerner cette femme qui fut un mystère pour beaucoup. Au fil des pages, on lit les secrets, les drames d'une famille, ses joies aussi, les non-dits, la folie qui guette, l'inquiétude et le temps qui file. L'auteur ne fait pas seulement le portrait de sa mère, elle décrit aussi une famille dans ce qu'elle a de plus intime. Au fil du récit, elle revient aussi sur son questionnement d'écrivain, ses tatônnements, ses doutes sur son projet...
"Je ne sais plus à quel moment j'ai capitulé, peut-être le jour où j'ai compris combien l'écriture, mon écriture, était liée à elle, à ses fictions, ces moments de délire où la vie lui était devenue si lourde [...]
Alors j'ai demandé à ses frères et soeurs de me parler d'elle, de me raconter. Je les ai enregistrés, eux et d'autres, qui avaient connu Lucile et la famille joyeuse et dévastée qui était la nôtre.[...] j'ai cherché, fouillé, gratté, déterré, exhumé. [...]
Et puis, comme des dizaines d'auteurs avant moi, j'ai essayé d'écrire ma mère." (p.18-19)
A lire d'elle également : Jours sans faim où Delphine De Vigan évoque son anorexie, son hospitalisation. Un texte très fort que j'avais aussi acheté pour le collège.
A suivre un roman sans doute beaucoup plus léger de David Foenkinos En cas de bonheur
Je suis d'ailleurs allée voir il y a un mois l'adaptation de son roman La délicatesse avec Audrey Tautou mais je n'ai pas retrouvé le plaisir éprouvé par la lecture... L'adaptation se concentre sur l'histoire et on perd l'originalité du roman dont j'avais parlé là.